Naughty Dog s'impose encore, après deux Uncharted au sommet, avec une nouvelle licence d'action/survie à couper le souffle.
Après s’être fait la main sur le premier Uncharted, Naughty Dog est devenu le studio référence du développement sur Playstation 3 avec les deuxième et troisième volets des aventures de Nathan Drake. Sans doute un peu lassés des fanfaronnades de sa mascotte, les californiens ont surpris tout le monde en annonçant The Last of Us, un nouveau titre d’aventure action beaucoup plus centré sur son ambiance et ses personnages que leurs précédentes productions. Après quinze heures passées en compagnie de Joel et Ellie, on peut leur dire merci : The Last of Us est bien le miracle crépusculaire d’une console en bout de course.
To stay alive, stay with me
Retour au sommaireDifficile de raconter The Last of Us sans en éventer la substantifique moelle. Entre Je suis une légende et Les Fils de l’Homme,
le road trip de Naughty Dog nous fait traverser les Etats-Unis – de Boston à Salt Lake City – en proie, comme le reste de la planète, à une infection mystérieuse qui confine l’Homme en de rares îlots sécuritaires. Ce qu'il reste des autorités, des groupes de mercenaires à la limite de l’intégrisme et le groupe des Lucioles, qui croient en un remède, se partagent ces zones où les survivants vivotent entre deux attaques d’infectés. Après une introduction à placer au panthéon des entames qui laissent des traces, le joueur se voit donc confier la tâche d’
escorter la gamine. C’est le début d’une amitié compliquée.
Centre névralgique du projet et sujet de toutes les attentions du studio,
le binôme Joel/Ellie fait des étincelles. Au départ relativement caricatural – le vieux bougon déchiré et la gamine espiègle – le couple s’étoffe au fur et à mesure des épreuves, des rencontres et des petites discussions sur la route. Du haut de ses quinze ans, elle n’a pas connu l’avant, puisque vingt ans se sont écoulés depuis les prémisses de l’infection : elle découvre avec stupeur les règles du football américain, les camions de glace ou les mœurs des adolescentes pré-apocalypse viral. Touchant, mais aussi riche en matière pour
l’évolution de leur relation, Joel se confiant quant à lui peu à peu sur son lourd passé.
Vidéo de gameplay maison
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Portée par des doublages anglais impeccables (VF disponible, mais honnêtement…) et
une bande son parfaite qui ne survend jamais les enjeux dramatiques, la trame narrative étonne par ses prises de risque. Fluide et logique pendant une grosse dizaine d’heures, la progression devient complètement folle et éclatée à mesure que l’œuvre approche de son terme. Ces cinq dernières heures resteront gravées dans bien des mémoires, le jeu recrachant alors toute la verve de ses personnages, contenue au fil de l’aventure.
Survivre à un prix, et c’est à la fin de l’histoire que les deux personnages le réalisent vraiment. Le thème n’est pas nouveau, et même sur-représenté ces derniers temps dans les jeux, films et bouquins, mais The Last of Us ne tombe jamais dans aucun piège de facilité.
Violence !
Retour au sommaireNaughty Dog n’est
pas complaisant avec la violence. Il la met en scène telle qu’elle est, brute et sale sans jamais la glorifier ni la condamner. Les personnages agissent, et c’est tout ce qui intéresse le studio qui avait pourtant pris l’habitude de déifier l’assassin Nathan Drake. Cela se traduit dans les réactions des personnages secondaires à ce qui est fait en jeu par Joel (et donc le joueur), dans sa figuration graphique par
des textures de sang visqueuses bien dégueu, par les impacts marqués des tirs et des coups qui marquent la chair ou encore dans l’IA, les ennemis humains reculant bien souvent à l’approche de la mort. Dans TLoU, la violence est un moyen, en aucun cas une fin, preuve que le studio a gagné en maturité, moins obnubilé par la prestance graphique que dans ses précédents titres.
La preuve en est faite par le
gameplay, qui n’a pas besoin de déployer des trésors d’originalité pour séduire et convaincre.
Entre infiltration et action, TLoU laisse le joueur choisir. Quelques armes sont silencieuses (corps à corps, arc) quand les pétoires et autres grenades (explosives, molotov, fumigènes) attirent forcément l’attention sur vous. Les
deux types d’ennemis - humains et infectés - assurent différentes façons de mener les combats : si l’on peut la jouer inventif et varié avec les premiers, on devra assurément progresser précautionneusement avec les seconds, trop rapides et violents (certains one-shot sans sommation) pour que l’on choisisse de les affronter de face.
Le joueur économe habitué des Survival ne manquera certes pas tellement de ressources (soins, munitions), en optimisant ses saillies violentes (au corps à corps notamment) ou en évitant simplement le conflit dès que possible. L’habitué d’Uncharted, lui, reverra bien rapidement sa position après quelques heures de jeux à canarder bêtement ses adversaires.
Chaque balle compte, et cette rugosité du gameplay réjouit autant qu’elle tranche avec les précédentes productions Naughty Dog. L’économie de moyen s’impose instinctivement comme la quête principale du joueur, qui trouvera au sein des magnifiques décors du jeu tout ce dont il a besoin pour progresser sans heurt.
Après l’hiver vient le printemps
Retour au sommaireLe génie de Naughty Dog s’exprime effectivement dans la manière dont le studio
articule à merveille son ambition artistique avec un gameplay très terre-à-terre. Ce n’est pas tant que l’on doit arpenter les vastes environnements de TLoU, mais que l’on VEUT le faire. Merveilles de construction et d’esthétique,
variés et riches en détails, les décors de The Last of Us représentent surtout le salut du joueur puisqu’ils regorgent d’éléments à collecter pour le système de
craft, qui permet de fabriquer les outils offensifs et défensifs évoqués plus haut. Outre les habituels (et passionnants) témoignages d’anciens survivants dont on arpente les demeures, le cadre du jeu cache également de quoi améliorer Joel et ses armes.
Le côté survie/gestion se limite donc à amasser ces huit types de ressources et à les allouer où bon nous semble au fur et à mesure de la progression. Un système limité mais suffisant pour assurer
le renouvellement permanent des phases d’action, puisque l’inventaire comme le cadre évoluent en permanence. Les lieux sont tous différents et rarement comparables entre eux, des intérieurs sombres bourrés de spores infectieux bouchant la vue, où l’on progresse à tâtons à la lampe torche, aux extérieurs baignés de lumière, entre réminiscences citadines et invasion progressive de la nature. Au rythme des saisons (de l’été au printemps), The Last of Us nous offre
un récital chromatique qui n’oublie rien, le ciel menaçant du bord de mer aux premières heures du jour où la fin de journée ensoleillée en ville, l’orage qui s’infiltre dans les bâtiments délabrés ou la bruine grisâtre en pleine forêt du Midwest. Tellement beau que t’en chiales, comme dirait l’autre.
L'anti-Uncharted
Retour au sommaireL’assise technique n’étant plus à démontrer, Naughty Dog prend le temps de nous le donner (le temps, donc). Cela se traduit par
un rythme atypique qui pourrait laisser sur la touche les
teenagers biberonnés au Call of Duty et autres Uncharted, qui jamais ne s’arrêtent. Prenant à contre-pied près de dix ans de pratiques vidéoludiques, le studio nous offre un rythme inhabituellement lent pour un blockbuster. Le joueur, l’intrigue et les personnages y gagnent, personne n’étant enfermé par l'enchaînement trop soudain des événements. Il y a bien
quelques séquences fortes plus scriptées que le reste, mais l’on passe le plus clair de son temps à arpenter le vaste univers du jeu à notre convenance, loin d’être complètement ouvert mais suffisamment vaste et travaillé pour que l’exploration et l’action ne se phagocytent jamais.
Les limites de la PS3 sont cette fois atteintes. Comme les derniers Uncharted,
aucun temps de chargement (à part un au départ, très long il est vrai) n’est à constater, forçant le jeu à quelques concessions au niveau de la fluidité. Rien de bien grave, mais la console de Sony semble souffrir pour afficher tant de belles choses sans jamais se reposer. Le frame rate en prend donc parfois un coup quand le léger aliasing nous rappelle que la machine a près de sept ans. Cela n’empêche pas TLoU d’offrir
de magnifiques animations, de superbes expressions de visage et surtout les plus beaux jeux de lumière jamais vus sur la machine.
Critère dominant des séquences d’infiltration,
la lumière – souvent vive en extérieur et complètement absente en intérieur – est utilisée comme un jouet par les californiens. Effets d’ombre, amuse-gueules chromatiques bluffant et autres reflets saisissants imposent TLoU comme l’un des titres les plus pointus visuellement sur consoles. Rien de surprenant de la part du
studio le plus talentueux à officier sur PS3, mais cela reste remarquable dans la mesure où l’ambition n’est plus la même qu’avant.
Des défauts ?
Retour au sommaireLes combats âpres et l’intrigue forte
forcent le joueur à s’impliquer en permanence. Les quelques concessions faites au réalisme de la lutte, comme la possibilité « d’écouter » pour cerner les ennemis à travers les murs, ne gâchent pas grand-chose au final. On peut de toute façon désactiver cette option au menu principal. Joel, bien que souvent accompagné d’autres personnages, est également la cible principale (et quasiment unique, sauf cas rare ou prévu par le jeu) de tous les ennemis, infectés y compris.
Ils interviennent pourtant dans l’action, Ellie en jetant des parpaings à la face des ennemis, les autres en tirant dessus, mais on ne peut que constater
leur manque d’implication dans les rixes, voire les incohérences de l’IA quand ceux-ci se déplacent à la vue de tous en pleins milieu d’une infiltration. Naughty Dog a logiquement fait ce choix pour ne pas pénaliser le joueur par les dysfonctionnements de l’intelligence artificielle alliée : on y voit là une petite marge de progression, pas une carence gênante tant l’action est suffisamment exigeante en soit.
On avait également peur de la simplicité du système de gestion de ressources : on n’avait simplement pas compris que l’intérêt de la survie façon The Last of Us n’était pas là. Le système de
craft est à sa place, celle d’outil au service du plaisir de jeu, qui passe par la survie, l’exploration et l’histoire. Dernière crainte, levée elle aussi :
la présence d’un multijoueur (que l’on n’a pas pu essayer) ne déteint absolument pas sur le contenu solo. L’expérience Uncharted a une nouvelle fois servi à Naughty Dog, dont on attend désormais avec une impatience certaine le travail sur la prochaine Playstation.
Conclusion
Retour au sommaireTrès à l’aise avec sa série blockbuster, Naughty Dog se bouscule et nous renverse avec The Last of Us. On ne sait plus très bien si c’est la réalisation en béton armé, les décors ahurissants de charisme et de détails ou l’âpreté des combats qui nous a marqué le plus, ou simplement la cohérence des trois. Chaque parcelle du jeu est au service de ses personnages, du développement de leur amitié et de la mise en scène de leur combat. On est forcément pris de court par cette presque antithèse d’Uncharted, qui force l’attention permanente du joueur là où la plupart des AAA actuels se contentent de le gaver comme une oie de séquences fortes.
La prise de risques est remarquable, The Last of Us revenant à certains fondamentaux de la survie – comme l’infiltration à la dure, peu commune aujourd’hui – alors que le genre est à l’agonie. The Last of Us est, pour finir, un tombeau en or massif que Naughty Dog a érigé pour la Playstation 3, qui en finit même par vaciller devant tant d’égards graphiques. Magnifique et passionnant, il est le chant du cygne rêvé pour la console de Sony autant qu’une remarquable publicité pour sa petite sœur, qui profitera de ce brillant héritage.
Tellement + sur JeuxVideo.fr :
Test The Last Of Us (PS3) : 10/10 sur JeuxVideo.fr http://www.jeuxvideo.fr/jeux/the-last-of-us/preview-test-the-last-of-us.html#ixzz2WYLUtCFkMALHEUREUSEMENT (pour moi^^) ce je ne sortira que sur Playstation... L'envie de m'acheter la console uniquement pour ce jeu me titille fortement !!